Mercadier, le routier
naissance inconnue - mort en 1200
En 1195, Richard Cœur de Lion fait appel à Mercadier pour envahir et annexer Issoudun. Il lui demande d’assurer les fortifications de la ville. Mercadier fait construire la Tour Blanche.
Mercadier est un routier, un mercenaire. Un chef de bande à la solde des rois ou des seigneurs en quête de combattants aguerris. Au service de Richard, on en connaît trois : Algais, Louvart et Mercadier. Des individus « qui ne comptaient pour rien l’effusion du sang humain, le pillage et l’incendie », selon Mathieu Paris, un chroniqueur de l’époque.
Tout le monde avait recours à eux. Un certain Cadoc avait les faveurs de Philippe Auguste. Parmi ces individus sans scrupules, Mercadier apparaît comme une figure à part. Peut-être parce qu’on en sait un peu plus sur lui que sur les autres. Peut-être aussi par sa proximité avec Richard. Dès que le roi d’Angleterre met le pied sur la côte normande, après sa libération, les deux hommes semblent inséparables. « Ils voyagent de compagnie, combattent côte à côte ; et dans les lettres par lesquelles le roi d’Angleterre instruit de ses victoires les grands de son royaume, il n’oublie pas de mentionner avec éloges les exploits de son fidèle compagnon » nous dit Hercule Géraud, auteur d’une étude sur les routiers.
Mercadier sera présent lors des derniers instants du roi d’Angleterre.
Adémar V, vicomte de Limoges a découvert un trésor au château de Chalus. Il propose à Richard, son suzerain, de le partager. Mais Richard préfère avoir le tout pour lui seul. Le 26 mars 1199, il fait le tour du château en compagnie de son fidèle routier pour reconnaître l’endroit le plus favorable à l’attaque, lorsqu’il est touché à l’épaule par un trait d’arbalète. Mercadier le confie à son médecin avant de partir à l’assaut du château. Tandis que la plaie se gangrène, Mercadier et ses hommes exterminent tout le monde, sauf l’arbalétrier. Celui-ci est amené devant le roi.
Le chroniqueur Roger de Hordeven décrit la scène ainsi :
Richard : Quel mal t’avais-je fait, pour t’obliger à me donner la mort ?
L’arbalétrier : Tu as tué de ta main mon père et mes deux frères et tu voulais me tuer aussi. Tire de moi la vengeance que tu voudras, pourvu que tu meures toi-même, toi qui a fait au monde tant et de si grands maux.
Richard : Tu vivras malgré toi. Tu seras pour les vaincus un motif d’espérance et pour tous un témoignage vivant de mon humanité.
L’arbalétrier est libéré. Mais à peine le roi est-il mort que Mercadier le fait saisir de nouveau, écorcher vif et attacher à un gibet. Passe pour l’humanité !
Le 10 avril 1200, Mercadier se rend à Bordeaux pour saluer la reine Aliénor, qui ramène Blanche de Castille. Il est assassiné en plein jour par un autre chef de bande. Sa route s’arrête là.
Il n’aura pas profiter longtemps du château de Beynac (Dordogne) que Richard lui avait offert.