Philippe Auguste
(1165-1226)
Roi de France
Dynastie des Capétiens
Philippe II est un des plus grands rois de France. Pourtant au départ, ce n’était pas gagné ! Lorsqu’il monte sur le trône, à seulement 15 ans, il hérite d’un royaume fragile, guère plus grand que la région parisienne actuelle.
Mais à l'heure de sa mort, il léguera à ses héritiers un royaume presque aussi grand que la France d’aujourd’hui. Pour cette raison, de son vivant, on l’a qualifié d’Auguste (celui qui augmente son royaume) à l’image des empereurs romains.
Pourtant il n’y a rien à faire, il est moins télégénique que Richard. Il reste principalement un roi pour historiens. Son règne, beaucoup plus long que celui du roi d’Angleterre, est celui d’un monarque avisé, stratège et persévérant, qui comprend qu’une administration sérieuse et une diplomatie bien menée est une méthode pas moins efficace que la guerre. En ce sens, il est moderne. C’est aussi lui qui fait de Paris une véritable capitale .
Sérieux, voire austère, Philippe II n’est pas du genre à se marrer tous les jours. Il éloigne les poètes et les troubadours de sa cour. Les romans de chevalerie, ce n’est pas son truc, trop futile ! Contrairement à Richard, il ne pratique pas l’aventure pour l’aventure. D’ailleurs, il ne s’attarde pas à la Troisième Croisade. C’est vrai qu’il tombe malade. Mais il est aussi pressé de revenir en France pour reprendre les choses en mains et profiter de l’absence de Richard.
Sa première épouse, Isabelle de Hainaut est morte depuis 1190 (avant cela il avait essayé de la répudier pour des raisons politiques). En 1193, il songe à se remarier. Ingeburge semble la candidate parfaite. C’est la fille de Voldemar le Grand, roi du Danemark, qui n’aime pas trop les Anglais lui aussi. Tiens donc, cette alliance peut être utile.
Ingeburge a 17 ans. « Son teint était éclatant et son air plein de cette fierté majestueuse qui sied si bien aux souverains » écrit Rigord, le biographe de Philippe Auguste. Mais, ajoute-il : « elle était froide, inanimée et entièrement dépourvu de cette politesse et de cet agrément si nécessaire à la Cour de France ». Pourtant, comme tout le monde, il reste perplexe devant l’attitude de Philippe : « soit que la nouvelle reine eut quelques défauts secrets, soit qu’un sort empêchât le roi de la posséder, il sentit une aversion incroyable et ne jeta plus les yeux sur elle ». Elle passera les vingt prochaines années de sa vie entre couvents et prisons. Même pour l’époque c’est un peu dur !
Mais voici le 27 juillet 1214 ! Radieux , comme Austerlitz. C’est dimanche. Et alors ?
Transgressant les interdits religieux de l’époque, Philippe engage le combat. En face, il y Otton Empereur du Saint-Empire Romain Germanique, des seigneurs flamands, anglais, et français. Mais il remporte la victoire.
Georges Duby, grand historien du Moyen âge : « Après Bouvines, rien ne peut plus mettre en question la prodigieuse extension du domaine royal. Rien ne peut empêcher les baillis d’exploiter à fond les provinces soumises. (…) Dans tout le royaume, aucune principauté n’était désormais en mesure de regimber. »
Philippe avait hérité de son père un domaine affaibli, menacé de tous côtés. Durant son règne il retourne la situation et pose les bases du pouvoir royal qui s’imposera en France jusqu’à l’Absolutisme… et la Révolution.
Le grand historien Fernand Braudel dira de lui : « C’est un Ulysse moderne, qui a fondé un empire en quelques années ».